En Suisse, à Genève, nous nous préparons au pire. Nous avons une chance extraordinaire, celle de ne pas avoir été les premiers. Il y a d’abord eu la Chine avec le folklore déplacé qui a pu accompagner notre vision de leur crise (devenue la nôtre), les Iraniens vivant en autarcie infligée avec peu de nouvelles puis les Italiens en Europe.

Le but de ce post, est de vous parler :

  • Non pas du COVID-19, d’autres le font beaucoup mieux que moi, soit par leurs connaissances, soit malheureusement par leurs expériences du terrain,
  • Non pas de la gestion d’une crise sanitaire, d’autre là encore les ont déjà vraiment vécues et leurs enseignements, bien que devant nécessairement être pondérées par notre expérience pratique, sauront nous guider,
  • Non pas de la nécessité dans une crise d’adopter une attitude de résilience face à l’adversité, car si l’être humain savait prendre de l’avance, tirer tous les enseignements des crises passées et ne pas rouspéter face aux propositions, des crises, il n’y en aurait plus,
  • Mais de vous parler d’une manière intéressante d’apprendre face à l’adversité, aux situations complexes et inconnues : LA MÉTHODE FEYNMAN.

 

QUI EST RICHARD FEYNMAN ?

C’est un physicien théoricien américain, reconnu pour son travail dans la formulation des intégrales de chemin en mécanique quantique, dans la théorie de l’électrodynamique quantique, dans la physique de la superfluidité de l’hélium liquide sous-refroidi ainsi que pour le modèle de Parton en physique des particules.

Pour ses contributions au développement de l’électrodynamique quantique, Feynman, avec Julien Schwinger et Sin-Itiro Tomonaga, reçut le prix Nobel de physique en 1965.

Il disait : « Je ne sais pas ce qui arrive aux gens : ils n’apprennent pas en comprenant ; ils apprennent d’une autre façon, par routine. Que leurs connaissances sont fragiles ! ».

 

QU’EST-CE QUE LA MÉTHODE FEYNMAN ?

ÉTAPE 1 : FAITES CONNAISSANCE AVEC LE SUJET

Prenez une feuille de papier et notez le nom du concept complexe tout en haut. Choisissez vos sources puis lisez, étudiez, vos savez le faire. Une fois que vous savez de quoi ça parle, reportez-le sur votre fameuse feuille.

 

ÉTAPE 2 : ENSEIGNEZ-LE

Expliquez le concept avec vos propres mots, comme si vous vouliez l’enseigner à une personne naïve de ce dernier. Challengez-vous pour vous assurer que vous pouvez mettre le concept en action. Anticipez les questions que l’on pourrait vous posez.

 

ÉTAPE 3 : RÉAPPRENEZ

En enseignant ou plus exactement en partageant le savoir que vous venez d’acquérir, identifiez les points que vous ne maitrisez pas ou pour lesquels vous sentez bien que vos explications sont fragiles. Une fois identifiés, retournez aux articles, textbooks, notes ou exemples afin d’améliorer encore une fois votre compréhension du sujet. Une fois assimilé, revenez à l’étape 2 et enseignez de nouveau. Répétez les étapes 2 et 3 autant de fois que nécessaire jusqu’à pouvoir tout expliquer et transmettre.

 

ÉTAPE 4 : SIMPLIFIEZ, SIMPLIFIEZ, SIMPLIFIEZ…

Expliquer et transmettez le concept de la manière la plus simple et la plus fluide possible, de sorte qu’une personne néophyte pourra le comprendre. Relisez vos notes, révisez vos sources, updatez vos connaissances pour toujours prônez la simplicité tout en restant à jour pour les concepts non complétement définis ou évolutifs.

Einstein disait : « Si vous ne pouvez pas expliquer le concept de manière simple, c’est que vous ne l’avez pas bien compris ».

 

AVANTAGES DE LA MÉTHODE FEYNMAN

Il y a plusieurs bénéfices à utiliser la méthode Feynman.

Tout d’abord, cela nous aide à obtenir une compréhension complète de ce que nous sommes en train d’apprendre. Une fois que nous avons complétement compris les informations que nous avions en main, nous sommes mieux équipés pour prendre des décisions intelligentes face au sujet qui nous intéresse.

Cette méthode Feynman  nous aide également à améliorer nos capacités d’enseignement et de transmission du savoir et à développer une vraie pensée critique face à un sujet complexe spécifique.

 

MÉTHODE FEYNAMN VERSION COVID-19

Bien sûr, il y a des limites si l’on veut appliquer cette méthode à la crise COVID-19 qui s’annonce chez nous.

Premièrement parce que nous ne savons pas tout sur ce virus et que les connaissances sur lui évoluent en permanence. Maintenant nous ne sommes pas n’importe qui non plus, au sens que nous ne sommes pas des néophytes de la médecine aigüe, du concept de maladies virales, de transmission, de protection, d’isolement, de syndromes de détresse respiratoire aigüe (SDRA ou ARDS), de ventilation mécanique…

 

Deuxièmement parce que la maladie qui nous intéresse met la vie de nos patients en danger et qu’elle suscite l’inquiétude de tous. Donc en plus de devoir acquérir des connaissances complexes en mouvement, nous devons faire la part du vrai et du faux, vérifier nos sources et rester prudents, non pas pour ne pas passer pour des idiots (quoique), mais pour ne pas mettre nos patients et nous même en danger.

 

Troisièmement parce que tenter de maitriser les connaissances de médecine aigüe sur la maladie va, non plus être intéressant, mais nécessaire. Nécessaire pour mettre en place l’une des choses les plus importante dans la gestion d’une crise à savoir l’information et une juste communication. Et pour être juste elle va devoir être simple…

Enseigner, c’est apprendre deux fois. Joseph Joubert.

 

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